Notre Association, initialement Société d’Hygiène Mentale du Sud-Est, et maintenant, et cela depuis l’adoption en Assemblée générale de mai 2013, Association pour le Soutien au Handicap Mental et psychique, est entrée cette année dans sa soixantième année d’existence. L’ouverture de ce site correspond donc, simple coïncidence (mais les coïncidences sont-elles toujours le fruit du hasard ?) à cet anniversaire : 1957 – 2017, soixante années d’existence donc.

Elle est née de la volonté de soignants en psychiatrie, cadres infirmiers, psychiatres des hôpitaux, d’alors. Il s’agissait d’œuvrer au mieux à la réinsertion des sujets souffrants de troubles mentaux chroniques dans la société. Idée alors novatrice, idée révolutionnaire même dans le contexte de l’époque, idée scandaleuse pour certains aussi, mais cela, il faut bien le dire, est toujours vrai. Ces cadres, ces psychiatres, voulaient en grande partie éviter que ne puisse se reproduire le drame que connurent les malades mentaux hospitalisés dans les services de chroniques durant la Seconde Guerre mondiale : 60 00 d’entre eux, soit la moitié de leur population, connurent une mort précoce par privation de nourriture et de soins dans des hôpitaux qui avaient bien cessé durant la guerre de pouvoir prétendre au titre « d’asiles » (du latin asilium, refuge). Il s’agissait aussi de rendre leur dignité à des patients soumis à des conditions de vie considérées par certains comme dégradantes. Il est vrai aussi que l’apparition des premiers neuroleptiques – leur chef de file le 4560 R P ou chlorpromazine plus connue sous le nom de Largactil, fut commercialisé en 1952 – aida grandement cette démarche.

Période donc de l’histoire de la psychiatrie, bien oubliée maintenant, marquée par un grand bouillonnement d’idées et d’initiatives. Le monde associatif par sa souplesse par sa créativité fut la voie qu’empruntèrent ces précurseurs, la S.H.M. en constituant le meilleur exemple. Ce furent alors la création dans notre département puis dans les départements limitrophes, et sous son égide, des premières structures dites « extra hospitalières », ce qui allait devenir les Centres Médico Psychologiques, les Hôpitaux de Jour, structures destinées à mobiliser la part de liberté toujours présente même chez les sujets les plus aliénés afin de les engager sur la voie sinon de la guérison tout au moins d’une amélioration parfois considérable. Pour la SHM, cela se fit par la création des « comités hospitaliers » services travaillant en partenariat avec les hôpitaux psychiatriques de la région.

Cela réussit, toutes les utopies n’étant pas vouées à l’échec. Progressivement les services de chroniques fermèrent. Les structures extra hospitalières se développèrent, pour finalement être récupérées par les hôpitaux publics. Elles furent à l’origine de l’organisation de la psychiatrie publique, du « secteur psychiatrique », telle qu’elle perdure toujours, « récupérée », le terme est sans doute trop violent ou trop tendancieux, depuis par la fonction publique hospitalière. En tout cas, cela correspondait bien à l’état d’esprit des membres fondateurs de notre Association. Ils la voyaient surtout dans un rôle d’initiatrice, d’expérimentatrice, mais sans doute afin de conserver cet état d’esprit, ne l’imaginaient pas du tout dans la posture du gestionnaire de structures. Ils voulaient sans doute ainsi conserver leur liberté de créer sans être submergés par les tâches matérielles, redoutant de perdre leur capacité à créer, de sombrer dans la routine, la rigidité et la sclérose, d’abandonner le vaste domaine de la pensée et de l’action. L’évolution de la psychiatrie publique à laquelle nous assistons leur a peut-être donné raison. Ou peut-être pas. Mais là n’est pas ici la question.

Multiples furent les expériences, mais loin de nous l’idée de refaire ici l’historique. Nous renvoyons le curieux à cette rubrique. La SHM gère actuellement un service dédié à la protection des majeurs. Elle a en charge plus de deux mille personnes protégées. Une majorité d’entre elles est affectée par un handicap mental, ou psychiatrique ou neurologique et là nous voulons parler des syndromes démentiels liés pour la plupart à l’âge, la part de ces derniers étant sans cesse croissante en raison de l’augmentation sans pareille de la durée de la vie humaine à laquelle nous assistons ces dernières décennies, du moins dans nos pays développés. Force est de constater que tous sont des exclus parmi les exclus. Les membres de l’Association, tous bénévoles, trouvent ici la raison d’être de leur engagement. Ils pensent, peut-être avec beaucoup de naïveté, maintenir ainsi allumée la flamme qui animait les membres créateurs. Bien sûr ils ne sont pas seuls dans la tâche qu’ils se sont assignée, et nous tenons ici à saluer le professionnalisme et l’engagement personnel de tous les salariés de la SHM, délégués mandataires, collaborateurs administratifs et/ou comptables, employés et cadres, confrontés chaque jour à des difficultés sans cesse croissantes dans l’exercice de leur profession.

Il faut toujours un coup de folie pour bâtir un destin dit-on. Cela finalement peut aussi bien s’appliquer aux êtres humains, qu’aux associations. Pour la SHM cela est vrai depuis six décennies. Ayant donc confiance en l’avenir.

Dr René ARNAUD-CASTIGLIONI

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